Suite à nos actions, une critique fréquemment reçue -et parfaitement légitime- est que nous ne sommes pas représentatifs/ves de la population et n’avons pas à dicter aux autres ce qu’il convient de faire.
Cette critique est due à une confusion, parfois entretenue malgré nous, entre les assemblées que nous organisons pendant nos actions (qu’on propose d’appeler “populaires”) et les assemblées que nous réclamons (qu’on propose d’appeler “citoyennes”).
Un détail ? Pas vraiment.
Une assemblée populaire serait plutôt un rassemblement de personnes s’exprimant de façon organisée et partageant leurs humeurs et idées sur divers sujets. C’est une façon de s’auto-organiser pour débattre et prendre des décisions collectivement, où, dans l’idéal, chaque voix peut être entendue et également considérée, sans qu’aucun individu ou groupe ne puisse prendre l’ascendant. En général aucun apport d’information externe n’est apporté par des expert·e·s, et l’assemblée est un “one-shot”. Le hic c’est que ces assemblées populaires rassemblent en général des gens partageant un même centre d’intérêt et/ou appartenant à une même classe sociale. Une forme d’entre-soi, donc. Cela permet certes plus facilement d’arriver à dialoguer sereinement, les participant·e·s partageant de nombreuses valeurs, préoccupations et un même prisme de lecture. Mais elles ne sauraient prétendre à être représentatives de la population. En outre elles ne sont pas instituées ni reconnues par le pouvoir en place, ce qui permet à ce dernier d’ignorer le fruit de ces délibérations.
Une assemblée citoyenne, au contraire, viserait à être la plus représentative possible de la population : âge, sexe, niveau d’étude, lieu de vie, situation familiale,… Elle nécessite donc l’accès à ces données et ne peut être organisée que par l’État. En général on préconise un tirage au sort parmi ces différentes catégories, mais il est possible d’en organiser sur base volontaire (en piochant parmi les candidat·e·s de manière à être le plus représentatif possible de la population). Ces assemblées se déroulent sur un temps long, en plusieurs séances étalées sur des mois, et la délibération fait suite à des rencontres avec des experts pour former les participant·e·s au sujet. Contrairement aux assemblées populaires, elles peuvent prétendre à être légitimes de par leur représentativité et leur caractère institutionnalisé qui garantit un cadre légal.
Pour conclure, si nous usons d’assemblées populaires dans nos actions, nous réclamons bien que l’État mette en place des assemblées citoyennes représentatives, et nous ne prétendons nullement dicter des lois à nos concitoyen·ne·s 🙂
Pour plus d’information à ce sujet, vous pouvez par exemple consulter le site d’Extinction Rebellion France et notamment son guide des assemblées citoyennes